"Le Gouverneur Naegelen a visité Aumale"
Article de l'Echo d'Alger du 11 décembre 1949
Nouvelle page mise en ligne le 29 mars 2020
Vers Plan Ville d'Aumale
vers Etude historique
Vers Région d'Aumale
124 k. Aumale (hôt : Grossat, 25 ch. de 3 à 5 fr., repas 4 fr., pens. 12 fr. 50, gar. : Raveu. - Garage et location d'autos : Postarero, esplanade d'Isly) l'Auzia des Romains, le Sour-Rozlane (rempart des gazelles ou rempart de Rozlane, nom d'un personnage légendaire) des Arabes, petite ville de 3.700 hab., dont 1.300 europ., située à 880, au N. du Djebel Dira. - La comm. mixte d'Aumale a près de 45.000 hab. sur 178.000 hect.
Histoire. - Auzia fut, dans les deux premiers siècles de notre ère, occupée par une forte garnison romaine. Une ville importante s'y développa, ville qui eut rang de municipe puis de colonie. On a découvert sur son emplacement un grand nombre d'inscriptions latines ; celles que l'on n'a pas détruites se trouvent auj. au Musée, récemment installé dans un ancien bâtiment militaire ; mais il ne reste plus rien de la ville antique. - Les Turcs élevèrent, en ce point, un fort dans lequel ils entretinrent une garnison. Nous y établîmes, en 1846, un poste permanent, qui prit le nom d'Aumale, et fut le noyau du centre actuel, qui a gardé une certaine importance militaire (vastes casernes et hôpital).
Aumale n'est qu'une longue rue d'env. 1.000 m., coupée d'un jardin public. Rien de curieux n'y est à signaler. - Marché le dimanche. - La région qui s'étend en contre-bas et au N. d'Aumale (plateau des Arib) est fertile et propre aussi bien à la culture des céréales qu'à l'élevage ; les chevaux barbes du territoire d'Aumale sont justement réputés. (Les Guides Bleus "Algérie et Tunisie", 1916)

Le gouverneur NAEGELEN a visité Aumale
"Ce pays a dû sa renaissance au génie français"
dit M. BENTOUNES, député d'Alger


L'eau, l’habitat, la lutte contre les maladies, la scolarisation sont les principaux problèmes qui conditionnent le plein épanouissement de l'Algérie.
A Aumale, samedi, M. Naegelen, gouverneur général de l‘Algérie, a pu constater que ces principaux buts ont été atteints par la municipalité de cette ville : l’ancienne Auzia a solutionné le problème de l'eau, son centre hospitalier permet de venir en aide à plus de 400.000 personnes et un groupe scolaire modèle du genre, vient d’être inauguré.
Ces réalisations sont le résultat de la présence française, elles permettent au Gouverneur général de dire aux séparatistes : "Qu'aviez-vous faitt avant que la France ne préside aux destinées de cette terre d’Afrique ?"

L'arrivée à Aumale

Sour-Khozlane, le « rempart des gazelles » porte du Sud, a accueilli samedi matin M. Naegelen.
Accompagné de MM. Pelabon, secrétaire général du Gouvernement général ; Wolff, directeur de ses cabinets civil et militaire ; Ernst, préfet d‘Alger ; Raffour, directeur du cabinet du préfet ; des généraux Préaud, commandant la X° Région militaire et Laurent, commandant la division d'Alger, le gouverneur a été reçu par le docteur Laveine, maire d'Aumale ; MM. Bentounès Aberrahmane, député ; Torrès, président du Conseil général ; Ange Aoustin. Brahimi Lakdar, Ouahloune, Bentounés Menad, Kacimi, délégués à l'Assemblée algérienne ; Solacroup et Marcellin, conseillers généraux ; Giudicci, sous-préfet ; Jacot, administrateur principal d'Aumale ; Raymond, administrateur de Tablat ; Belzung, administrateur d’Aïn-Bessem ; Luchini, administrateur de Sidi-Aïssa ; Fenech, administrateur de Maillot ; Naudou, administrateur de Bou-Saâda ; Robbe, maire de Rouiba ; Servelle, maire de Bir-Rabalou ; Maxime Aoustin, maire d'Aïn-Bessem ; Frémion. adjoint spécial de Mascarey et des aghas, bachaghas et caïds de la région.
La musique de la place d'Alger et des détachements de tirailleurs rendaient les honneurs.

Réception à la mairie

Dès son arrivée, M. Naegelen a été présenté aux élus, aux autorités civiles, militaires et religieuses et aux fonctionnaires chefs de service.
Nous voulons saluer l‘homme d’intelligence et de cœur, dit M. Laveine, qui, placé à l'une des plus grandes fonctions du mécanisme social, sait avoir à la fois, l’autorité nécessaire et l’aménité qui rend douces les obligations.
Puis le maire d'Aumale annonça que la quantité d'eau avait été doublée depuis le 1° juillet, grâce aux services de l'hydraulique du Gouvernement Général qui ont dirigé les travaux d'édification d'une station de pompage électrique. De nouvelles installations permettront un débit encore plus grand.
Il souligna ensuite l’importance du centre hospitalier d’Aumale, érigé en hôpital régional et qui sert de base à des organisations hospitalières dans les trois départements algériens. Des crédits de l'ordre de 280 millions permettront dés 1950 d'édifier un bloc opératoire, une maternité, un pavillon de tuberculeux. Le centre possédera alors des services techniques, chirurgicaux, radiologiques qui ne le céderont en rien A ceux des grandes villes.

Après le défilé des anciens combattants, M. le ministre Naegelen s’entretient avec an grand mutilé. A sa gauche, M. le docteur Laveine, maire d’Aumale
Au nouveau groupe scolaire, M. Naegelen converse avec une institutrice. Derrière lui, MM. Robert, directeur de l’école, Wolf, directeur de son cabinet civil et militaire ; Laveine, maire ; Pélabon, secrétaire général du Gouvernement général, et Ernst, préfet d’Alger

M. Laveine parla ensuite de l’édification de la sous-préfecture, d‘un hôtel des Finances et de la question de l'habitat, conditionnés par le démantèlement des remparts.
Passant au domaine de l'agriculture, principale ressource de cette région, le maire exposa les desiderata des colons et fellahs "Cette question cérealicole est vitale dans ce centre où la nature montagneuse du sol ne permet pas la diversité des cultures, comme dans la plaine."
Il conclut : " Toutefois, aucun travail fécond ne peut se faire sans une entente, sans une coordination, sans une compréhension constante entre les pouvoirs publics, les élus et les populations. Attelés au même char, Français d‘origine et Français d'adoption, nous continuerons à poursuivre dans notre modeste sphère, l’œuvre civilisatrice de la France, en écartant tout ce qui divise, en retenant tout, ce qui unit, en méprisant tout ce qui est calomnie"..
En quelques mots, M. Naegelen dit toute sa joie que trois victoires aient été remportées dans cette région : sur la soif, sur l’ignorance et sur la maladie. "Ma visite à Aumale, dit-il, aura été pour moi un très grand réconfort et un grand espoir. "Puis il rendit hommage aux fonctionnaires, aux médecins, à tous ceux qui ont une responsabilité vis-à-vis de la population, aux gendarmes, "qui ont été si calomniés", "tous vous continuerez de travailler pour la grandeur de l’Algérie et sa prospérité, vous participerez ainsi a une grands œuvre humaine.

Au monument aux morts
M. Naegelen est allé ensuite déposer une gerbe au monument aux morts, puis il a assisté à un défilé des troupes de la garnison et des anciens combattants.
Le gouverneur s'est alors rendu à l’hôpital régional où il a été reçu par le directeur, M. Villéle. Il a visité longuement les différentes installations, a conversé avec les malades et a examiné le plan des futures constructions.

Inauguration du groupe scolaire
La principale manifestation de la journée était l’inauguration du nouveau groupe scolaire qui comprend douze classes. Ce magnifique bâtiment a été construit en un temps record : une année, grâce à l’activité diligente de M. Sicre, architecte.
En dehors de l’œuvre éminemment sociale et utile que représente cet effort pour l’instruction de la jeunesse, c'est pour la ville l'apport de huit logements de maîtres.
C’est aussi l’afflux vers la ville des enfants du bled qui ne peuvent dans les campagnes recevoir le minimum d’instruction, minimum vital pour l’esprit, que la France se doit d'apporter, là comme dans tous les domaines, à ses enfants.
Dans la grande cour de l’école, les enfants agitant de petits drapeaux tricolores acclamèrent le gouverneur général qui était reçu par MM. Robert, directeur du groupe scolaire. Prigent, vice-recteur, et Marenco, inspecteur d’Académie.
Au nom de ses camarades. un petit musulman remercia M. Naegelen qui a favorisé l’édification d'un si beau groupe scolaire : "Grâce à vous, nous allons quitter nos vieux bâtiments où nos parents ont appris à aimer la France. nous sommes heureux et fiers."
M. Prigent exprima la joie que l’Université éprouvait en voyant l’Algérie dotée d'une nouvelle école.
Il annonça que l’Algérie aurait plus de deux mille classes nouvelles à la fin de cette année scolaire, ce qui fait qu’en deux ans, le programme de scolarisation prévu aura été dépassé : "Nous n’avons pas failli à la tâche que nous nous étions fixés. L’école franco-algérienne, dit-il, est dans la direction des hauteurs et nul ne peut s'élever qu'en montant vers elles."
M. Naegelen s’adressa aux écoliers comme un père à ses enfants : "J’ai été comme vous, mes petits amis, un élève de l’école primaire. mais je n‘ai pas eu la chance d'avoir une école aussi belle que celle que l'on vient de vous donner". Puis il insista sur le gros effort fourni pour la scolarisation de l’Algérie. Alors que 2.000 nouvelles classes s’élèveront bientôt en Algérie. on en construira seulement 400 dans la Métropole où cependant de nombreux hameaux et villages manquent d’écoles. En Algérie, le budget de la scolarisation est cinq fois plus élevé que celui de la Métropole.
"Nous poursuivrons notre effort dans ce pays, car l’enseignement est le plus beau, le plus pur, le plus fécond, le plus durable des résultats que la France a remportés en Algérie. Nous avons le droit d’être fiers de la victoire que nous avons remportée."
Soulignant l’esprit de sacrifice des maîtres et maîtresses. il conclut, s’adressant à eux : "En vous confiant cette jeunesse. nous vous confions 1'avenir ds l’Algérie et de la France "