La
"Territoriale" au château d'eau d'Air de France Des documents, des photos et un texte d'Alain Blanquer Nouvelle page mise sur le site le 3 juin 2006 |
Vers "La Territoriale" |
Ordre de Rappel sous
les Drapeaux à l'U.T.A. 139 d'Alain Blanquer |
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Un texte de souvenirs
d'Alain Blanquer |
Il
était vital pour tous. Ce géant de béton était profond et spacieux. Il s'enfonçait verticalement de plusieurs mètres sous terre. Son ventre était impressionnant ; un ventre cyclopéen. Cyclopéen et bruyant à l'intérieur duquel flottait en permanence une odeur bizarre ; indéfinissable ; peut-être était-ce une odeur d'huile chaude ? La nuit comme le jour ce ventre murmurait ; gargouillait ; glougloutait ; régurgitait ; vrombissait ; rugissait. Il était en perpétuel mouvement. En pénétrant à l'intérieur de ce géant de béton, on découvrait juste en dessous de la dalle du rez-de-jardin plusieurs niveaux de passerelles circulables, d'à peine quelques mètres de large, constituées de madriers disjoints et de garde-corps, et reliées entre elles par des escaliers métalliques verticaux qui permettaient de descendre dans ses entrailles. Depuis ces passerelles, on pouvait entrevoir dans une demi-obscurité, le fond de ce ventre d'où jaillissaient des tubes, des coudes, des tuyaux, qui se croisaient, s'entremêlaient, s'entrelaçaient, se chevauchaient, se côtoyaient, s'élançaient le long des parois de ciment et ressemblaient à de gros intestins. Et puis, soudainement, dans un bruit infernal, démarraient en rugissant de gigantesques moteurs électriques entraînant dans leurs hurlements des courroies geignardes, des poulies, des compresseurs, des turbines et des pompes énormes. Et l'eau potable coulait chez tous les habitants ; sans distinction. Dans ce ventre là il faisait bon en toutes saisons. En été il y régnait une relative fraîcheur. En hiver quand dehors le vent glacial soufflait par rafales sèches et brutales et quand, durant deux heures de veille dans le froid, les yeux gonflés de fatigue d'avoir scruté l'opacité de la nuit et les doigts gelés d'avoir tant serré un vieux fusil, alors il faisait bon retrouver la chaleur et l'odeur de ce ventre. Nos lits de camp étaient installés sur la passerelle du premier niveau, sans doute la plus large et aussi la plus confortable de toutes. Mais me direz-vous : Que faisiez-vous donc avec un fusil dans un tel ventre ? Mais... nous le protégions pardi ! Nous étions les sentinelles de ce gigantesque réservoir d'eau potable profondément enterré ! Nous le protégions des attentats et des agressions afin qu'il continue de ronronner ! Afin que l'eau ne cesse de couler ! Voilà ce que nous y faisions ! Mais rajouterez-vous : Qui donc étiez-vous ? Ah oui ! Qui étions-nous ? Nous étions des gardes territoriaux : des civils habitant "dans le coin", requis par l'autorité militaire et qui, environ trois fois par mois et pour 24 heures, quittaient leurs travails et leurs foyers, leurs femmes, leurs enfants. Vêtus d'un treillis de toile kaki, nous rejoignions directement, soit le réservoir - que nous appelions château d'eau ; c'est quand même plus pompeux non ? -, soit le P.C de l'unité territoriale (localisé au N° 18 sur le plan de Bouzaréah dressé par Théo Bruand et Francis Mercadal.). J'ai souvent partagé dès la fin de l'année 1956, ces veilles avec d'autres camarades. Ils étaient de Bouzaréah, d'Air de France, de Clairval, de Miremont , parfois même d'El-Biar et peut-être aussi d'ailleurs, allez donc savoir ! Nous étions nombreux et leurs noms ont malheureusement disparu de ma mémoire. Cela fait cinquante ans ; c'est beaucoup d'années ! En écrivant ces quelques lignes, je me demande ce que sont devenus ces vétérans ? Peut-être y en a-t-il encore qui se souviennent ! Mais parmi les " consommateurs " de ce site fort attachant, il y a des enfants, des nièces, des neveux, voire des petits enfants, qui ont eu un père, un frère, un parent, un voisin un grand-père qui a veillé sur ce géant de béton et d'acier. Ce géant dont on ne voyait de lui qu'un modeste ouvrage maçonné de 3 ou 4 m de hauteur derrière une clôture grillagée, se situait à gauche en montant sur la grand-route de Bouzaréah, approximativement à hauteur du café Normandie. Ce réservoir existe-t-il encore ? Peut-être. Qui pourrait le situer précisément sur le plan ? Personnellement j'en suis incapable. Alain
Blanquer. Note du site : le plan de 1958 de Théo Bruand permet de situer l'emplacement de ce "château d'eau - réservoir" (dénommé sur d'autres plans "station de pompage"). En réalité il était un peu plus bas que le "Normandie". Quand à savoir s'il existe encore... | ![]() |
Quelques photos... Passez le curseur sur les visages, si elle se transforme en petite main vous verrez apparaître le nom des personnages identifiés |
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Bourgoin (sgt ou sgt chef), Ferrer, Alain Blanquer, Auberger (?) et et 7 territoriaux non identifiés | |
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Ferrer, Bourgoin, Auberger (?), Alain Blanquer et 8 territoriaux non identifiés | |
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Bourgoin (sgt ou sgt chef), Ferrer, Alain Blanquer, Auberger (?) et et 7 territoriaux non identifiés. | Ferrer, Bourgoin, Auberger (?), Alain Blanquer et 8 territoriaux non identifiés |
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Difficile de reconnaître sur cette photo d'une partie de pétanque, Alain Blanquer, Ferrer (coiffeur à Bouzaréah, redoutable tireur... à la pétanque !), Bourgoin et 3 territoriaux non identifiés | Auberger (?), Bourgoin et 6 territoriaux non identifiés |
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Formez
les faisceaux ! Solivérès (sgt), Blanquer, Péri (?), Bourgoin, Auberger (?) et 8 territoriaux non identifiés | Solivérès (sgt), Bourgoin, Blanquer et Péri (?) et 7 territoriaux non identifiés |
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Territoriaux
identifiés sur ces photos - Auberger ? - Blanquer Alain - Bourgoin (sergent ou sgt-chef) - Ferrer - Péri ? - Solivérès (sergent) |
Auberger (?), Ferrer (?) et 2 territoriaux non identifiés |