BOUZARÉAH - Les environs du Fort : La propriété Roure-Aguillon
Dernière mise à jour le 2 décembre 2008
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En 1891, la propriété "Mongellas" au moment de son achat par la famillle Roure-Aguillon. Monsieur Mongellas était maire d'Alger et possédait cette propriété, anciennement Defrain, depuis 1871. Une belle allée bordée de pins arrive depuis la "Piste des Carrières" et contourne la maison
En 1962, 70 ans plus tard, une magnifique forêt plantée par la famille Roure-Aguillon, recouvre la campagne environnante. Cette vue, prise depuis la butte au nord-est, laisse apercevoir sur la droite la groupe d'immeubles du "Quartier Administratif " avec la Poste, la Mairie et l'Ecole de garçons
La propriété Roure-Aguillon, toujours en 1962, mais sous un angle légèrement différent, avec, au loin, le clocher de la nouvelle église de Bouzaréah et le presbytère

LE BAIN DE LA REINE

Une reine a vécu à Bouzaréah. Hé oui ! Vous avez bien lu.
C'était avant l'arrivée des Français. Un peuple de pirates avait organisé, depuis des siècles, un commerce prospère basé sur l'arraisonnement des bateaux croisant en Méditerranée, la prise d'otages avec la perception de rançons importantes et le commerce des esclaves. Malgré plusieurs bombardements déclenchés par les Français, par les Anglais et même par les Américains, les pirates restaient toujours très actifs au début du dix-neuvième siècle Les plus gradés, les plus riches de ces bandits de la mer installés à Alger, possédaient très souvent une "maison de plaisance" pour se reposer, abriter leur famille et mettre à l'abri leurs captifs les plus précieux. Evidemment la plupart de ces "maisons de plaisance" étaient construites à proximité de la ville, dans les coins les plus agréables, et donc tout naturellement sur les hauteurs de la cité barbaresque, dans le massif de "La Bouzaréah". Des vues magnifiques sur la baie, une douce brise venant souvent tempérer les grosses chaleurs des étés parfois torrides, la fraîcheur des vallons à l'ombres des grands arbres, voilà ce qui poussait les pirates à venir construire leurs belles demeures dans les collines de Bouzaréah.
On ne remerciera jamais assez Michèle Carli, de la propriété Roure-Aguillon, qui, grâce à ses souvenirs et aux archives de sa famille, nous a raconté l'histoire du "Bain de la Reine". Un site exceptionnel, situé dans un creux de la propriété en contre-bas de la maison qu'elle habitait avec madame Renaux, sa grand-mère, en 1962.

Voici donc l'histoire du "Bain de la Reine".
La "maison de plaisance" située en contre bas de celle de Michèle Carli, était déjà en ruine dans les années 50. C'était pour tous ceux qui habitaient dans cette partie du massif, "la Maison des Pirates". En observant ce qui en restait en 1960, on pouvait l'imaginer au temps de sa splendeur : magnifique, d'une architecture arabo-andalouse très subtile spécialité des Maures venant d'Espagne, entourée de jardins fleuris et odorants, avec des intérieurs superbement dessinés et décorés. Une famille de pirates vivait là quand un beau jour, le raïs (capitaine en arabe) découvrit parmi ses captives une jolie jeune fille que les autres appelaient Princesse. Tombé fou amoureux de la future reine, et aussi pour la protéger de ses envieux collègues pirates, il l'installa dans sa "maison de plaisance" en attendant de décider sur son sort. Pour le bien-être de sa belle esclave, il fit aménager près du ru qui courrait en bas de sa maison, un petit bassin peu profond taillé dans la pierre, et alimenté, pour le bain de ses esclaves et de sa reine, par un puits tout proche de la grotte abritant cette grande baignoire. Les environs, envahis du parfum des arums poussant au bord des chemins, étaient couverts de jujubiers, de néfliers et de lentisques et offraient à la reine et à ses protecteurs d'innombrables buts de promenades leur permettant d'aller admirer le panorama de la baie ou de se reposer à l'ombre des grands pins.
Ce que fut la suite de la vie de notre reine après son séjour à Bouzaréah, c'est bien sûr un mystère qui ne sera vraisemblablement jamais élucidé.
Ce qui serait fort intéressant aujourd'hui, c'est de pouvoir constater l'état du "Bain de la Reine" et de la "Maison des Pirates" . S'il y a encore quelque chose à voir, quelques photos seraient même les bienvenues.

* Sources bibliographiques :"D'Icosium à El Djezaïr" de GeorgesMercier.

Origines de la propriété Roure-Aguillon.
Propriétaires successifs :
1891 : Roure-Aguillon
1890 : Zinger
1885 : Capella Diego
1877 : Mongellas
1839 : Defrain
1838 : Lecharllard et Quidorma
1834 : Noblot
1831 : Decamp (a cquisition de M.Decamp suivant acte reçu par le cadi Hanefi d'Alger aux Maures Kartilla moyennant une rente annuelle et perpétuelle.
Avant 1831 : Kartilla (Maures)

Francis Mercadal, le 30 novembre 2008.


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