Les
cachettes monétaires des Turcs avant la conquête dans la
ville d'Alger.
Mouni la sorcière et le Trésor du Raïs Hamidou
Il n'est pas de ruines en Algérie où nexiste la
légende de trésors enfouis. Il est évident que
cette chose peut exister vu le grand nombre de turcs, de juifs exilés
au moment de la conquête et même avant, qui ne sont jamais
revenus et qui ont laissé, enfouis dans leurs habitations avec
lespoir du retour la plus grande partie de leur fortune, en laissant
des repères pour le retrouver. Il y a déjà quelques
années nous avons eu un témoignage de ce fait, dans l'un
des plus importants palais dAlger, dans le palais de Mustapha-Pacha,
rue de lÉtat-major. Dans une cave indépendante de
celles du Palais surmontée d'une voûte en berceau sous
laquelle se remarquait une colonne surmontée de son chapiteau,
mais non placée dans l'axe même de la voûte et ne
supportant absolument rien quune vulgaire planchette de bois.
Ce nétait qu'un repère.
Sur le fût de la colonne se trouvait gravée au couteau
en caractères grecs linscription suivante : Elpiz
et Anake dont la traduction est la suivante : Espérance et nécessité,
signifiant probablement la nécessité de lenfouir
et lespérance de le retrouver. Il est évident quil
ne pouvait être question dans ce lieu retiré que de la
cachette d'un trésor. Après quelques fouilles, nous eûmes
la preuve que nous ne nous étions pas trompés et que notre
hypothèse était juste, car nous découvrîmes,
à peu de profondeur, des murs formant la cachette monétaire
mais malheureusement vide.
A quelle époque remontait cette cachette ? Époque grecque,
daprès linscription peut-être ? romaine, arabe,
berbère ou turque. Mystère. Ce qu'il y à de certain
cest que l'on avait là pour létude de la question
des cachettes monétaires de lAfrique septentrionale un
type caractéristique pour des trésors importants ; car,
les murs entourant la cachette avaient plus d'un mètre de long
sur 80 centimètres de large.
Nous avons pu auprès d'anciens turcs et d'autres indigènes
connaître la manière dont ils cachaient leur fortune ;
car il n'existait dans l'antiquité comme de nos jours, ni banques,
ni de coffres-forts où l'argent pouvait être mis en sûreté.
Il existait donc certaines coutumes qui étaient suivies d'une
manière assez générale par les habitants des villes
et des campagnes pour cacher leur avoir.
Dans les palais, les cachettes nétaient pas très
compliquées ainsi que nous nous en sommes rendu compte lorsque,
pendant Ia guerre, nous fumes chargés du service dentretien
des palais dépendant du Gouvernement général. Dans
certains palais, dans les harems en particulier, la cachette des femmes
pour ce qui concernait leurs bijoux se trouvait presque toujours sous
la dernière planche étagère de leur chambre à
coucher ; cette dernière recouverte d'une planchette laquelle
tendue d'une étoffe précieuse cachait leur avoir à
tous les regards.
Les maîtres de la maison confiaient ce qu'ils possédaient
au secret du plancher sous les faïences émaillées,
très souvent soit à la tête ou au pied du lit ;
ces faïences émaillées de sujets divers étaient
toujours recouvertes de tapis précieux qui masquaient à
la vue ce qui était dessous.
Au début de la conquête, un assez grand nombre de découvertes
de trésors a été fait dans les appuis des petites
fenêtres de certains palais, et c'est pour ceci, que l'on remarque
que presque tous les carreaux de faïences plaqués en ces
endroits ont été levés sans avoir été
remis en place et replâtrés.
Il y a eu aussi des cachettes placées non dans des puits, ou
dans des caves ; mais, dans la maison même ou le palais dans des
placards situés au-dessus du lit même de la favorite, comme
au Palais d'Hiver par exemple, ou quelquefois dans des armoires secrètes,
comme celle existant dans le palais dHassan-Pacha.
Il existe au premier étage de ce palais une armoire secrète
très curieuse dont voici la description : Lorsque l'on est arrivé
au premier étage, là où se trouvait la chambre
de la Sultane lon aperçoit dans cette pièce une
armoire, avec des ornementations arabes dont le panneau du milieu est
une simple glace, fermée par un simple verrou et lorsqu'elle
est ouverte lon aperçoit qu'un fond en planches muni détagères.
Jusqu'ici il ne présente rien de bien extraordinaire, l'on a
devant soi quune simple armoire. Mais, lorsque lon examine
tant soit peu lintérieur, l'on aperçoit un petit
crochet presque invisible que lon soulève et, alors en
poussant même très légèrement sur le fond,
l'on sent que le fond du placard s'enfonce pour aller s'appuyer sur
un mur intérieur et, alors apparaît une chambre assez grande
pouvant receler un trésor très important que la simple
porte munie dune simple glace naurait jamais laisser soupçonner.
ll existe en plus dans cette chambre qui servit dans la suite des temps,
à bien des sultanes depuis le XVIe siècle jusqu'en 1830,
une autre cachette qui se trouvait placée immédiatement
au-dessus du lit de la favorite. C'est un enfoncement masqué
par des panneaux moulurés.
Nous ne citons ces cachettes que comme exemples, il y en a bien d'autres
de divers genres, surtout dans les palais de corsaires.
Celles-ci sont d'un autre modèle, beaucoup nont pas encore
été éventées mais sont connues par la Raïschimie
la science du pendule, comme celle dont nous allons nous entretenir.
Cest celle du célèbre et fameux corsaire algérien
Raïs Hamidou qui vécut et écuma les mers à
partir de lannée de 1797 jusqu'en 1815. Il fit pendant
ce temps plus de trois millions de prises, en ne comptant que celles
qui furent enregistrées sur le livre des prises maritimes d'Alger.
Ce raïs avait sur l'un des sommets de la Bouzaréa une villa
ou plutôt un palais dont les ruines se profilent dans lun
des plus grands ravins de la Bouzaréa. Comme tous les raïs
de cette époque, ils avaient placé leur villa avec une
sortie sur le rivage. La villa de Raïs Hamidou donnait dans le
ravin de Villalba ayant accès à la mer où se trouve
actuellement la gare des « Deux Moulins ». C'est par
là quil amenait clandestinement les prises qu'il ne voulait
pas déclarer au fisc turc.
Il fit dans ce ravin des travaux immenses tant pour ladduction
des eaux pour larrosage de ses propriétés, qui montaient
de la mer au sommet de ce contrefort de la Bouzaréa, où
se trouvait placé un de ses palais, lequel était surmonté
d'une tour de guet d'une vigie, observatoire spécial peu éloigné
de lObservatoire actuel et doù l'on pouvait apercevoir
la mer de tous les points de lhorizon.
Presque aussi riche que le Dey dAlger alors régnant, il
avait accumulé presque toutes ses richesses dans son palais de
la Bouzaréa.
Un jour, en 1815 dans une croisière sur la Méditerranée
assis sur son banc de quart, il reçut en pleine poitrine un boulet
d'une frégate américaine qui le coupa en deux, fidèle
à la recommandation que lui avait faite son commandant Hamidou,
son second jeta immédiatement son corps à la mer.
Comme cétait la coutume dans ce temps là, le Beit-el-Mal
s'empara de ses biens et les vendit. Sa villa de la Bouzaréa,
fut achetée par le roi de la Nation juive de l'époque
Bacri, et devint alors la villa Ben Zaheut, Bacri nétait
pas ignorant des trésors qui y étaient accumulés.
Mais, malgré de multiples recherches les trésors accumulés
par le Raïs Hamidou ne furent jamais découverts. Parmi les
domestiques, esclaves, favorites et autres qui s'y trouvaient en grand
nombre, seule une kabyle qui avait été la favorite du
Maître de céans. Cette femme avait eu une fille qui, ainsi
que sa mère, ne quitta jamais les lieux après la mort
d'Hamidou. La fille après la mort de sa mère devint une
diseuse de bonne aventure, jetant des sorts par ci, par là. Demi-folle
comme le sont presque tous ces gens là, elle se promenait sans
cesse dans les ruines qui lui étaient familières, voyant
petit à petit tomber murs et murailles après la mort de
Ben Zaheut, et elle assistait impuissante au pillage de ce qui fut jadis
le palais de son père. Un jour dans un de ses moments de lucidité,
elle prit par la main un visiteur pour lequel ces lieux abandonnés
et presque déserts avaient un certain charme. Elle lentraîna
dans une de ces cours de marbre encore non effondrés ; et,
à un certain endroit, frappant le pavage en marbre intact de
ses pieds nus, lui dit : Vois bien ici, là est le trésor
dHamidou.
Un matin lon trouva Mouni, la fille du Raïs Hamidou, morte
aux pieds d'un mur. Cette pauvresse morte repose à labri
du marabout de Sidi Bennour ;
« Dieu lui soit miséricordieux » disent
les arabes. Depuis ce temps, les pierres ont remblayé petit à
petit lendroit où existe, selon Mouni la sorcière,
le trésor dHamidou. Possédait elle le secret du
maître transmis par sa mère ; doù besoin
de le dévoiler un jour, mystère.
Lendroit indiqué par Mouni, paraît correspondre avec
lemplacement de lune des plus belles pièces quoccupa
le Raïs Hamidou dans son palais ; cest déjà
un point dacquis pour la possibilité de la découverte
du trésor.
Un jour ou lautre la spéculation viendra prendre possession
de lancienne villa Ben-Zaheut et alors, par suite de démolitions
forcées, le trésor du Raïs Hamidou apparaîtra
au jour , à moins que certains sourciers renommés de nos
jours, ne viennent en devancer la découverte par la Radiesthésie.