UNIQUE EN FRANCE ET DANS L’UNION FRANÇAISE
Le centre familial de vacances de Ben-Aknoun
permet à la mère de famille un vrai repos

Ce n'est pas aux programmes souvent utopiques, mais aux réalisations concrètes, que se mesure le progrès social. A une époque où les nécessités matérielles conduisent époux et épouse à occuper chacun un emploi - la plupart du temps au détriment du foyer - les besoins de la mère de famille, attachée nuit et jour à sa maison par ses innombrables occupations, sont de plus en plus ignorés de la société.
Si, bénéficiant des faveurs accordées aux familles à l’occasion des congés payés, elle peut jouir d'un court séjour hors de son appartement, elle n'en est pas pour autant dispensée des soucis journaliers, en particulier de celui du marché et de la cuisine. Depuis toujours la mère de famille a aspiré, sans y parvenir, à un repos effectif... à ses quinze jours de « congés payés.

Premières joies
Désormais ce désir est une réalité.
Grâce à l'esprit social maintes fois confirmé des dirigeants de la Caisse interprofessionnelle de compensation des allocations familiales du département d'Alger et à la compréhension des 10.000 chefs d'entreprises adhérents à ce groupement, un « centre familial de vacances » a été créé à Ben-Aknoun.
Nous avons eu souvent l’occasion d'entretenir nos lecteurs de cette belle réalisation. Mais nous avons encore le sentiment que trop de familles se font une fausse idée de l’organisation.
En effet, quarante familles à peine ont utilisé les splendides appartements du centre au cours de l’été dernier.
Le centre familial de vacances n'est pas une colonie et encore moins un camp. Certes il exige, comme dans toutes les collectivités, comme dans tous les immeubles mêmes les plus modernes, une certaine discipline, mais on l’observe avec enthousiasme, tant elle est large et bienveillante.
L'aspect général du centre devrait déjà modifier les sentiments les plus pessimistes Mais c'est au moment de prendre possession de leur appartement qu'éclate la joie des familles.
« J’avoue, me disait un voisin, que je n’imaginais pas ainsi les lieux. Je croyais à un baraquement,
certes bien aménagé, mais ne comportant que l’essentiel… un genre de cabanon ! »

Espace et confort
En réalité, les appartements, conçus pour des familles de 6 à 14 personnes, sont spacieux, bien éclairés et parfaitement conditionnés. Pas un détail, pas un accessoire n'a été omis. Tout fonctionne à l’électricité et les dispositions du bloc sanitaire avec sa douche (eau froide et eau chaude) ont agréablement surpris toutes les familles.
Pour elles, de nombreuses distractions ont été prévues. Outre le bois qui est une irrésistible invitation à le promenade, il y a de très beaux jardins, un cinéma en plein air avec deux représentations par semaine, des terrains de boules, de volley-ball, de basket-ball et de football, une salle de ping-pong et une bibliothèque. Les enfants disposent de grands espaces sains et ombragés, avec portique gymnique, balançoires, etc...
Toujours dans le but de soulager les mamans, des moniteurs et des monitrices bénévoles organisent pour les garçons et les filles, qui le désirent, des jeux et des scènes à la fois intéressants et instructifs. Ils donnent lieu, chaque vendredi, à une séance récréative. Et les parents sont heureux d'y applaudir leurs enfants.

Un grand village
Le Centre familial de vacances est un grand village : une commune sans conseil municipal ! Heureusement d'ailleurs, car les travaux n’avanceraient pas aussi rapidement.
En effet, à la faveur d'un emprunt de 150 millions, garanti par l’Algérie, la Caisse des allocations a pu réaliser en neuf mois un projet prévu sur cinq ans.
Au 15 août, les constructions étaient entièrement terminées. Elles comportent cent appartements qui auront reçu, à la fin de l'été, plus de 200 familles, soit un millier de personnes.
Ajoutons que tous les allocataires d’au moins trois enfants, affiliés à la. C.I.C.A.F.D.A., bénéficient des avantages du Centre moyennant, pour les quinze jours de vacances, un versement; égal au congé payé ou à la moitié du traitement.
Enfin, du point de vue des travaux, notons qu’actuellement on procède à l’amélioration des routes.
Quant aux projets. citons : la construction d'une salle de fêtes, l’extension des terrains de jeux et la création d’une piscine.

Un esprit exemplaire
Tout cela ne peut que favoriser le « climat familial » tel qu’on le désire dans le Centre. Débarrassée des plus gros soucis, la mère de famille se fait néanmoins un devoir de conserver le linge propre. A cet effet elle dispose d'une buanderie - dont est pourvu chaque groupe d’appartements, comprenant plusieurs bassins, un séchoir, une table de repassage et des fers électriques.
C’est là, bien souvent, que se nouent des amitiés. Les jours suivants on peut voir dans les allées du bois des groupes de mamans lisant, tricotant et bavardant (bien sûr), comme en famille.
Quant aux hommes, ils se réunissent de bonne heure, aux jeux de boules généralement. J'ai assisté à des parties endiablées d’où tout règlement, d’ailleurs, était exclu. Tel est l’esprit qui règne au Centre.
Non seulement dans les familles, mais aussi parmi le personnel du Centre.
Sans cet esprit d’équipe – que nous aurions voulu souligner par un plus long exposé, mais que nous tenons à citer en exemple – le Centre ne serait pas ce « petit paradis » dont parlait une mère de famille. Du directeur au simple manœuvre, chacun apporte la richesse de ses ressources dans le seul but de rendre service à la famille.

Une organisation unique
Une assistante sociale, discrètement, s’inquiète du moindre bobo d'un enfant, du malaise d’une maman, à qui on apporte aussitôt des soins. Le mal est-il douteux ? On appelle le médecin ; car outre l’intérêt du malade, la direction du centre entend mettre à l’abri toute la collectivité. J'ai connu des familles qui, grâce à cette formule, ont échappé à de graves malades. Et elles n’ont pas manqué par la suite de manifester leur reconnaissance aux dirigeants et au personnel du centre.
Il existe encore dans le domaine de la CICAFDA un petit bâtiment réservé aux cultes et dans lequel on célèbre, à la demande des familles, les cérémonies religieuses.
Quant à la nourriture. elle est abondante et minutieusement préparé, Le menu. extrêmement varié,
est fonction de certains régimes et surtout des croyances différentes des familles admises au centre.
Les repas sont servis par petites tables et dans d'excellentes conditions. Mais on ne peut parler de restauration au C.F'.V. de Ben-Aknoun sans parler du Centre de formation professionnelle de l’hôtellerie en Algérie, qui en assure le fonctionnement.
Et. comme tous les chefs de famille qui sont passés dans ce centre, je l'ai quitté avec beaucoup de regrets, mais en gardant – comme eux - l’espoir d’y retourner l’an prochain.
Voilà rapidement exposée une réalisation due à une entreprise privée ayant à la tête des hommes de cœur, profondément pénétrés des sentiments sociaux et familiaux.
Le centre de Ben-Aknoun est une organisation unique en France.
Un représentant du plan Marshall disait récemment qu’il servirait de modèle à l’Amérique. Puisse-t-il servir d’exemple aussi à. ceux qui ont en main l’avenir de notre pays.