

|
Une
uvre sociale au service de la famille
Plus d'un milliard a été versé
par la Caisse des allocations familiales
du département dAlger
Le gouverneur général NAEGELEN
a exprimé sa satisfaction aux dirigeants
« Vous avez crée en Algérie un
état social
qui ne sera pas étouffé par la misère et par lignorance »
A loccasion
du paiement des allocations familiales du premier trimestre 1948 par la
Caisse interprofessionnelle de compensation et des allocations familiales
du département d'Alger, le premier milliard de francs versés
était dépassé.
Cette uvre magnifique, créée en 1941, na pas
seulement aidé, par des versements, les 35.651 familles groupant
78.395 enfants bénéficiaires (chiffres au 31 décembre
1947), mais elle a mis en chanter de grands projets, dont plusieurs ont
déjà vu le jour. Parmi ces projets, il convient de signaler
le Centre familial de vacances de Ben-Aknoun, dont linauguration
coïncidait hier, après-midi, avec la remise aux familles les
plus nombreuses des allocations dépassant le milliard.
De belles manifestations avaient été organisées à
cet effet dans la vaste propriété de la Caisse interprofessionnelle.
Parmi les très nombreux invités, nous avons noté
la présence de MM. le ministre Naegelen, gouverneur général
de lAlgérie ; Ernst, préfet d'Alger ; Gazagne,
maire d'Alger ; Jacques Chevallier, président de la C.I.C.A.F.D.A.,
député dAlger, et les membres du conseil dadministration
de lorganisation ; Alexandre Chaulet, directeur ; Gand,
directeur de la Caisse de compensation ; les représentants
des caisses professionnelles et des services particuliers, etc...
Allocution de M.
Jacques Chevallier
Après avoir souhaité la bienvenue aux autorités.
M. Jacques Chevallier a déclaré : « Nous nous
considérons, depuis notre création, comme étant au
service de la cellule sociale indispensable qu'est la famille.
Nous n'avons certes rien à. innover : nous appliquons la législation,
mais encore avons-nous conscience de lappliquer humainement. Je
dirai mieux : dépassant la rigide froideur des textes, nous cherchons
à pénétrer profondément, pour les rejoindre,
les sentiments généreux de tous ceux
qui les ont inspirés. Et c'est pourquoi nous avons pensé
à édifier ce centré familial.
Nous voulons qu'il soit un témoignage pour la famille et de reconnaissance
envers celle qui en est l'animatrice indispensable, celle qui, défunte.
nous attend la-haut, celle qui fut à chacun notre mère,
je veux dire la mère de famille.
En remettant les sommes qui dépasseront le milliard, nous sentirons
tous combien la législation de notre patrie unit en une seule et
même famille, ayant des droits égaux, limmense masse
des travailleurs d'Algérie. sans distinction d'origine. En célébrant
ainsi la famille algérienne, nous aurons conscience de la lier
plus étroitement. de lintégrer plus intensément
dans la famille française qui sera dautan plus forte qu'elle
sera plus nombreuse.
Enfin nous voulons que la vie des travailleurs soit plus clémente
et plus facile pour que bientôt en Algérie soient encore
plus étroitement unis et plus heureux les membres d'une seule
et même famille qui reste et demeure à tout jamais la grande
famille française ».
Pose de la première
pierre du restaurant familial
par M. Marcel-Ed. Naegelen
A la lisière de la propriété mise à la disposition
des familles (20 hectares de terrain et 8 hectares de bois), M. le ministre
Naegelen, gouverneur général de lAlgérie, a
posé la première pierre du restaurant familial, préface
à une grande organisation.
M. A. Chaulet, directeur de la Caisse des allocations, prit alors la parole
pour définir le rôle du centre familial de vacances.
« Ce centre permettra aux familles de passer quinze jours de
repos et, a précisé M. Chaulet, la mère de famille
aura elle aussi, et sans doute pour la première fois de sa vie,
ses quinze jours de congés complets. Lessentiel, en effet,
pour que la mère de famille ait son repos absolu, était
de la décharger de tous soucis de ravitaillement et de cuisine
: cest ce qui sera bientôt réalisé dans ce site
merveilleux, dans un climat dhygiène complet et de confort
suffisant.
Le centre ménager et le centre professionnel sont également
inclus dans nos projets et, en ce qui concerne la cuisine, il convient
dajouter qu'elle sera faite de telle sorte que les coutumes des
différents éléments ethniques de la population algérienne
seront respectées.
Et si lexpérience est concluante, ce centre pourra avoir
des « copies » au bord de la mer ou en montagnes
pour que vive la famille dAlgérie, partie intégrante
de la famille française.
M. Naegelen exprime
sa satisfaction
Au terme de la visite, un champagne d'honneur était offert sous
bois. Les aménagements étaient réalisés par
le maître-traiteur Charles Baroli.
C'est alors que M. le ministre Naegelen, gouverneur général
de lAlgérie, exprima sa satisfaction aux dirigeants de la
Caisse des allocations et les remercia vivement.
« Je suis heureux, a déclare le gouverneur, d'avoir
été invité à cette fête de famille et
de me trouver, il faut bien le dire, en face de promesses d'avenir que
les pouvoirs publics ne peuvent qu'encourager.
La mère est certainement, au foyer, la plus méritante par
ses sacrifices, sa patience et son héroïsme. Quant aux enfants,
comment ne pas les contempler sans émotion : ils sont lavenir
de la nation, lespoir et lorgueil de la famille.
Le plus pauvre des enfants, en venant au monde, apporte à la société
une existence riche de promesses et digne damour, c'est-a-dire les
mêmes qualités que le plus puissant et le plus riche peut
apporter.
L'enfant c'est votre orgueil, cest également notre orgueil.
Vous avez créè, en Algérie, messieurs, un état
social qui ne sera pas étouffé par la misère et lignorance,
car votre uvre bien conçue est des plus magnifiques. .
Vous avez aussi cette légitime fierté de dire que vous l'avez
accomplie sans faire appel au secours de lÉtat et je vous
en félicite, car vous avez, de plus, contribué à
détruire certaines préventions malveillantes.
Mieux vaut cet établissement que de créer des hôpitaux
et des hospices.
Combien de déchéances physiques, morales et intellectuelles
auraient pu être évitées si plus souvent l'on s'était
employé à produire.
Aux enfants vous venez doffrir les moyens de conserver leur santé
et d'acquérir un métier, en retour nous vous disons, avec
les parents, notre profonde gratitude. »
Après avoir été l'objet d'une longue ovation. M.
Naegelen, de bonne grâce, distribue maints autographes aux parents
et collaborateurs de luvre, qui lentourèrent
d'une grande sympathie à laquelle il se montra très sensible.
|