EL-BIAR - La Villa du Traité de Paix
Page mise à jour le 15 mars 2021
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Maisons et villas mauresques dans de charmantes situations, en particulier la villa du Traité, qui appartenait au raïs Hamidou en 1830 et devint le quartier général de M. de Bourmont ; on y rédigea, le 4 juillet, les articles de la capitulation du Bey. (Les Guides Bleus"Algérie - Tunisie", 1950)
1. Carte postale : El-Biar - Villa du Traité de Paix
2. Le Bach-Agha Benchiha acquiert la "Villa du Traité" et en fait don au Commissariat Général du Centenaire
3. Une Villa historique
Le Bach-Agha Benchiha acquiert la "Villa du Traité" et en fait don au Commissariat Général du Centenaire
(Afrique du Nord Illustrée du 8 février 1930)
Texte au dessous de l'article

Un geste

On a beaucoup écrit sur les sympathies dont les échanges se font plus vifs entre Indigènes et Français, à mesure que les masses se pénètrent et que les esprits s'ouvrent aux bienfaits des réalisations.
Mais ces affirmations ont-elles force d'axiome ?
Cette preuve magnifique, ce témoignage d'une grandeur sans exemple, j'ai quelque fierté à l'apporter ici.
Tous ceux que les hasards d'une promenade ont conduits vers El-Biar, connaissent très bien la villa où le Général Comte de Bourmont avait établi son quartier général en 1830. C'est dans cette villa que le 5 juillet 1830, fut signé par le Dey d'Alger, Hussein, la convention rédigée par le Général en chef des troupes françaises. Cette convention nous livrait les forts et les clés de la ville.
On saisit l'importance historique de cette villa et ce qu'elle devrait représenter aux yeux des indigènes, si pour eux l'occupation française était considérée comme un événement néfaste et de triste mémoire.
Eh bien, écoutez ceci : Le Bach-Agha Benchiha ayant appris que cette villa était à vendre et que le Consul d'Allemagne était sur le point de l'acheter, a immédiatement acquis cette propriété, dont il n'avait nul besoin et l'a offerte au Commissariat Général du Centenaire pour y loger nos visiteurs de marque, pendant les fêtes de 1930.
J'hésite à commenter ce geste, car il paraît suggestif dans sa simplicité, il souligne avec une telle autorité tout ce qui a été dit sur le rôle que la France a voulu jouer en Algérie, qu'un adjectif en surchargerait inutilement la beauté.
Je sais que M. le Gouverneur Général a chaudement félicité ce Bach-Agha. Mais M. Bordes n'est-il pas un peu dans ce geste ? Si la France est aimée, n'a-t-il pas aidé à restituer à notre patrie son vrai visage dans le jugement des Indigènes ?
Il est un peu dans ce geste comme le sont tous ceux qui, par de belles actions, de petites réformes, les mille riens de la vie quotidienne ont prouvé dans tous les domaines, les plus élevés et les plus humbles, que partout où elle s'installe, la France relève, libère, éclaire, réchauffe, restitue le prestige perdu et la dignité émoussée,
A tous ceux qui en douteraient encore, à tous ceux qui tendaient une oreille trop attentive aux racontars des Zoïles, le geste du Bach-Agha impose la vérité.
Voilà ce que peut la France !
A ceux qui viendront, il ne suffira pas de dire : « L’œuvre de la France en Algérie fut toute d'amour et de civilisation », il faudra montrer cette villa. Et les guides pourront affirmer : « Le 5 juillet 1830, le Dey Hussein, qui représentait le pouvoir sanguinaire et l'oppression honteuse se rendait au Général Comte de Bourmont. La reddition fut signée ici. La convention française portait « L'exercice de la Religion Mahométane restera libre. La liberté des habitants de toutes les classes, leur religion, leur commerce et leur industrie ne recevront aucune atteinte, leurs femmes seront respectées. Le Général en Chef en prend l'engagement d'honneur ».
Voilà ce que nous apportions aux indigènes molestés, humiliés, pressurés par les Turcs. Et ces promesses n'étaient pas une feinte d'homme de guerre, habiles à circonvenir ses adversaires. La preuve ? Cent ans plus tard un Bach-Agha rachetait cette villa où se leva l'aurore d'une civilisation nouvelle et l'offrait en reconnaissance à la France Généreuse.
Les Nations conquérantes ne connaissent pas le réconfort de tels gestes.
Et maintenant osera-t-on encore nous dire que nous n'avons pas le droit de commémorer 1930 ?

Une Villa historique
(Afrique du Nord Illustrée du 1er novembre 1910)
Texte au dessous de l'article

UNE VILLA HISTORIQUE

Bien qu'on ait beaucoup écrit sur les incidents ayant précédé la conquête d’Alger, il n'est pas inutile, croyons-nous, de les rappeler à nos lecteurs, en leur soumettant quelques-unes des différentes versions qui ont été publiées à propos du fameux coup d'éventail.
Suivant notre regretté confrère. M. Ch. Aumerat, qui était certainement, de tous les vieux Algériens, l'un des mieux documentés sur les événements de l’époque, il n'y eut pas de voie de fait à l'égard de notre consul. Une discussion assez vive s'était engagée entre le dey et M. Deval, et quand ce dernier fit la réponse que l'on sait : « Que le roi de France ne correspondait pas avec un dey d'Alger », celui-ci fit un geste de colère avec le bras qui tenait l'éventail et prononça ces mots : « Roh ! Roumi ben el kelb ! » qui signifient : « Sors, Chrétien, fils de chien ! » On y prit à peine garde sur le moment.
Une version toute autre est celle de M. Henri Garrot. Celui-ci raconte que le 30 avril 1827, la veille du Baïram, le consul général de France étant allé féliciter le Dey fut reçu au Palais de la Kasba. La langue turque étant familière à M. Deval, le consul conversa avec le Dey, comme à l'ordinaire, sans l'entremise de l'interprète. Après lui avoir adressé ses félicitations, il l'entretint d'un navire récemment capturé par les reis, sous pavillon français. Hussein l'interrompant, lui reprocha les travaux de protection du bastion de La Calle, et lui demanda, avec humeur, s'il n'avait pas reçu de réponse à la lettre qu'il avait écrite, le 26 avril précédent, au baron de Damas, l'accusant de lui cacher la réponse de son gouvernement et de s'entendre avec les juifs pour le spolier. M. Deval avait été jusque-là d'un calme parfait ; ce qui semblait augmenter l'exaspération du Dey. Mais à cette attaque personnelle, le consul se départit de sa retenue coutumière et fit, à son interlocuteur, la réponse citée plus haut. A la riposte de notre consul, le Dey, qui jouait avec un éventail, se leva, furieux, et, agitant les bras, cria au consul : Sors ! roumi, fils de chien !sors ! Sors ! Dans son geste, le Dey avait effleuré le consul des plumes de l'éventail qu'il serrait dans sa main.
Telles sont les deux versions, contraires sur un simple détail, mais d'accord sur tous les autres points d'un grand fait historique. On connaît les suites de l'incident qui provoquèrent l'expédition de 1830, commandée par le comte de Bourmont.
Ce fut dans la villa, qui se nomme Djenan Raïs Hamidou, que fut installé, en 1830, le quartier général du comte de Bourmont, et que fut signé, le 5 juillet, le traité de la capitulation d'Alger :
En voici les termes :
1° Le fort de la Casbah, tous les autres forts qui dépendent d'Alger et les portes de la Ville seront ouverts aux troupes françaises, ce matin, à 10 heures ;
2° Le Général de l'Armée française s'engage envers Son Altesse le Dey d'Alger, de lui laisser la libre possession de toutes ses richesses personnelles ;
3° Le Dey sera libre de se retirer avec sa famille et ses richesses, dans le lieu qu'il fixera, et tant qu'il restera à Alger, il sera, lui et sa famille, sous la protection du Général de l'Armée française ;
4° Le Général en Chef assure à tous les membres de la Milice, les mêmes avantages et la même protection ;
5° L'exercice de la religion mahométane restera libre. La liberté de toutes les classes d'habitants, leur religion, leurs propriétés, leur commerce et leur industrie ne recevront aucune atteinte. Leurs femmes seront respectées. Le Général en Chef en prend l'engagement sur l'honneur. L'échange de cette convention sera fait avant 10 heures.
Le même jour (le 5 juillet), l'Armée française fit son entrée dans Alger par la Porte-Neuve, Bab ed-Djedid, et par la porte d'Azoun où, trois siècles auparavant, lors du siège de la ville par Charles-Quint, un Français, le chevalier Pons de Balaguer. dit Savignac, vint planter sa dague en disant : « Nous reviendrons ! »
A l'entrée de la Campagne du Traité, une plaque de marbre a été placée, qui rappelle l'événement de 1830.
En mars 1908, les membres du Comité du Vieil Alger ont visité la Djenan Raïs Hamidou où, dans la salle de la Capitulation, le souvenir fut évoqué de ce grand fait historique.