Lorsque l'on prenait, à
partir de la route de Béni-Messous (ou rue de Touraine),
la rue du Bourbonnais, la rue du Berry était la première
rue à gauche. Sensiblement parallèle à la route
de Béni-Messous, elle descendait en pente douce, reliant
la rue du Bourbonnais à la rue de Bourgogne.
Sur la droite, à l'angle de la rue du Bourbonnais et de la
rue du Berry, la belle villa moderne des Dupré, "Les
deux surs", appelée ainsi en référence
à leurs deux filles Ghislaine et Renée (appelée
le plus souvent "Nounou" ou "Nouchette"), occupait
un terrain triangulaire pris sur une partie de la propriété
Lametta.
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Vers
1947, , à l'intersection des rues qui seront plus tard
baptisées rue du Berry et rue du Bourbonnais (et qui
ne sont encore que des chemins de terre), Bernard Adreit et
Georges Bondet posent à l'angle de la propriété
Lametta. Au fond, les deux maisons de la villa "La Charentaise",
où demeurèrent les Bondet et les Rambert. |
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Quelques
années plustard, vers 1954, le même angle de
la rue du Berry (à gauche) et de la rue du Bourbonnais
(à droite), la villa "Les deux soeurs" des
Dupré, récemment achevée. La haie de
myoporums n'a pas encore tapissé la clôture.
Appuyée contre le pilier du portail d'entrée,
pas encore peint, Renée ("Nounou") Dupré
et, dans la rue encore en terre battue, Madame Botella (mère).
Au delà, l'espace encore libre de la propriété
Lametta où sera édifiée la maison des
Espaza et, tout au fond, la demeure des Villeneuve. |
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Faire-part
du décès de Marie-Louise Nadal, veuve Ménétrier,
grand mère de Renée Dupré ep. Rambert
(Echo d'Alger du 19 janvier 1947) |
L'appartement du rez-de-chaussée
fut occupé un temps par la famille Odin et leurs trois enfants
Marie-Claude, Guy-Georges et Muriel, puis jusqu'en 1962 par Monsieur
et Madame Yarassary, un couple de militaires affectés à
l'École des Transmissions. Entre cette villa et celle des
Villeneuve, le reste de la propriété Lametta donnant
sur la rue du Berry n'était pas encore construit. Ce n'est
qu'à la fin des années 1950, après le décès
de Madame Adreit, que les Espaza firent l'acquisition de ce terrain
et y firent construire (ou construisirent eux-mêmes) une villa
dont je ne me souviens pas qu'elle fut jamais totalement achevée.
Après la villa des Villeneuve, largement masquée par
une épaisse haie végétale, une grande maison
abritait "l'aristocrate" du quartier, Mademoiselle de
la Devèze et Madame
et Monsieur Milandre, le photographe.
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Faire-part
du décès de Mme Milandre
(Echo d'Alger du 24 juillet 1949) |
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Annonce
du décès de Mme Milandre
(Echo d'Alger du 24 juillet 1949) |
Comme s'en souvient Michelle
Lévy (devenue depuis Madame Salama), Mademoiselle de la Devèze
accueillait les jeunes filles du quartier pour leur apprendre à
tricoter, à crocheter, à se polir les ongles, et leur
transmettre toutes les bonnes manières pour être, disait-elle,
une jeune fille "comme il ". L'harmonie parfaite ne régnait
pas toujours entre les deux colocataires de cette maison qui étaient
toujours en guerre, se traitant régulièrement et réciproquement
de tous les noms d'oiseaux.
Faisant suite à cette maison, la grande demeure de Monsieur
et Madame Chaix avait des allures de château comparée
aux autres habitations du quartier, en raison de sa taille et de
son architecture mais aussi parce qu'il y avait sur la pelouse,
un salon de jardin avec des fauteuils et une balancelle recouverts
de coussins moelleux, ce qui, à l'époque, nous semblait
le summum du luxe. Au fond de l'allée, un grand garage servait
d'entrepôt à Monsieur Chaix qui avait une entreprise
de chauffage et dfaute sanitaire. C'est dans ce local que l'abbé
Neau, curé de Dély-Ibrahim, puis l'abbé Suchet,
curé de Bouzaréah célébrèrent
pendant quelques années la messe dominicale pour la petite
poignée de fidèles d'Air de France.
Un grand terrain vague séparait la propriété
des Chaix de la villa "Paul-Louise" (appelée couramment
"maison Keichteil"), un petit immeuble de couleur rose
pâle, au bout d'une allée avec une tonnelle, abritant
sur deux niveaux cinq ou six minuscules appartements. Dans cet immeuble,
habitaient, au rez-de-chaussée, les Lévy (avec leurs
enfants Roger, Michelle et Georges) et les Guzman avec leurs neveux
et nièces Raymond dit Riri, Suzanne et Marie-José.
A l'étage logeaient Madame Curos, sa fille Laurette et ses
deux fils Pierre et Paul Aparisi, une partie de la famille Benhaïm
avec leur fille Brigitte et la famille Keichteil.
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Annonce
de la naissance de Brigitte Benhaïm
Echo d'Alger du 11 novembre 1948 |
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Annonce
de la naissance du mariage de Wilbur "Bubur" Benhaïm
Echo d'Alger du 30 novembre 1952 |
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Annonce
de la naissance de Dominique, Elise Benhaïm
Echo d'Alger du 3 octobre 1953 |
Après cet immeuble, mon
grand-oncle Charles Lubrano ("tonton Charlot") avait acquis
à la fin des années 1920 avec son frère André,
un terrain sur lequel ils avaient fait construire une villa de plain-pied,
et un garage au-dessus duquel il y avait un appartement qu'occupèrent
mon oncle Guy Sautet, ma tante Simone avec leurs trois filles, Ghislaine,
Geneviève et Gisèle (il était de tradition
dans la famille Sautet que les prénoms commencent toujours
par la lettre G). C'est devant le garage que mon Oncle Guy stationnait
sa magnifique automobile, une Talbot Lago Spécial, qu'il
avait acquise, en 1951, lors de son retour d'A.E.F. (explication
pour les plus jeunes : l'A.E.F., c'étaient les colonies d'Afrique
Équatoriale Française). Une nuit de 1956 ou 1957,
cette voiture fut incendiée et partiellement détruite
par un attentat criminel.
Dans l'autre villa, les Fenech, des cousins
(par les Roméro) plus ou moins éloignés, et
leurs enfants Jean-Marie et Geneviève succédèrent
à la famille Dupré, lorsque celle-ci put occuper la
villa qu'elle avait fait construire dans la même rue.
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La
rue du Berry, prise depuis l'intersection avec la rue de Bourgogne.
A gauche, l'étage supérieur d'une des deux villas
Lubrano. (Les personnages sont à identifier). |
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Dans la villa
suivante vivaient les deux surs Gonzalès, Marguerite et Joséphine,
deux gentilles "vieilles" demoiselles qui, elles aussi, se faisaient
un devoir de transmettre leur savoir-faire aux adolescentes du quartier,
leur apprenant avec patience, les rudiments de la broderie.
Dans l'avant-dernière demeure du côté droit de la
rue du Berry, habitèrent les Santini et leurs cinq enfants.
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Annonce
de la naissance de Jean Santini
(Echo d'Alger du 4 août 1949) |
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Toujours
la rue du Berry, prise depuis l'intersection avec la rue de Bourgogne,
devant le mur de clôture des Santini. En arrière, la
villa des soeurs Gonzalès et, au fond, la villa Lubrano.
(Les personnages restent à identifier) |
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Enfin,
Monsieur Cormeret résidait dans la villa qui faisait l'angle
avec la rue de Bourgogne, avec un magnigfique jardin, tout en fleurs,
qui était l'objet de tous ses soins et qui faisait les délices
de Renée Dupré, lorsque Monsieur Cormeret l'invitait
à le visiter. En l'absence d'infirmière dans le secteur,
c'est à ce "vieux" monsieur que les habitants du
quartier faisaient appel lorsqu'ils avaient à se faire faire
des piqûres, sans que l'on ait jamais su d'où il tenait
ces connaissances.
Repartons
maintenant du début de la rue du Berry, c'est à dire
depuis la rue du Bourbonnais, et intéressons nous au coté
gauche.
Après l'angle, sur la propriété des Botella avec
son mur de clôture recouvert de passiflores et du splendide
rosier grimpant couvert de roses pompon qui parfumaient la rue, avait
été édifiée une demeure destinée
à Georges, le fils aîné (le second fils, Jean-Claude,
occupa avec son épouse Michelle, le logement au premier étage
de l'autre maison, lorsqu'il fut libéré par les Tordjman).
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Annonce
des fiançailles de Georges Botella
Echo d'Alger du 14 juillet 1948 |
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Annonce
du mariage, à Littré, de Georges Botella (et non
Boteila) avec Lucette Diguet
(Echo d'Alger du 20 juin 1949) |
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Annonce
de la naissance de Chantal Botella début mars 1951
(Echo d'Alger
du mars 1951) |

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En
juin 1953, au début de la rue du Berry (pas encore goudronnée),
côté gauche, devant le mur de clôture des
Botella, avec le splendide rosier grimpant couvert de roses
pompon qui embaumaient toute la rue, Francis Rambert, le jour
de sa Communion Solennelle. |
Dans la
grande villa des Dumas et de leurs enfants, qui faisait suite, séjournèrent,
au rez-de-chaussée les Pausanias, puis les Tillot (le pharmacien)
qui accueillaient parfois leur nièce venue de métropole,
passer les grandes vacances d'été au soleil d'Algérie.
Madame Simonin, qui occupait avec son fils la maison suivante, était
toujours couverte, été comme hiver, d'une grande cape
noire et sa silhouette austère faisait trembler les gamins
du quartier d'un effroi que rien ne justifiait vraiment. Lorsqu'elle
croisait un des enfants, cette "vieille dame" s'enquérait
de leur santé ou de leurs résultats scolaires et l'entretien,
quelle que soit la réponse, se terminait immanquablement par
son expression favorite "à la bonne heure !".
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Annonce
de la naissance de Jean_Guy-Albert Simonin
Echo d'Alger du 26 juillet 1951 |
Après
le décès de son mari, Madame Simonin mit en location
des chambres de sa maison, dont l'une fut occupée par Pierre
et Anne-Marie Sauvet, un jeune couple d'instituteurs, originaires
de Bône, nommés dans la région d'Alger. Comme
s'en souvient Rachid Aissiou, le fils Simonin qui avait une Simca
Ariane faisait un clin d'il, comme à un vieil ami, à
Rachid qui l'attendait à l'angle de la rue du Berry et de la
rue de Bourgogne, pour voir le décor des deux petits pieds
noirs accrochés au rétroviseur central.
Après les Simonin, une grande maison, juste avant un terrain
vague, fut occupée par les Forestier. Au-delà de ce
terrain, la villa "Odile" des Marini
et des Massini (à ne pas confondre avec
les Massimi), leur fille et leur gendre,
était clôturée par un mur et un grillage recouvert
de volubilis
(Monsieur Marini fut adjoint au
maire de Dély Ibrahim et
correspondant de l'Echo d'Alger).
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AIR-DE-FRANCE
DÉCÈS.
- Nous apprenons avec beaucoup de peine la mort de M. Marinl
Aristide, correspondant de « LEcho dAlger
» à Air-de-France, survenu dans la nuit du 19
au 20 décembre.M. Marini était âgé
de 64 ans il a succombé à une maladie inexorable
qui le minait depuis de longues années et il ne voyait
pas lhiver revenir sans appréhension. Cest
encore une personnalité marquante dAir-de-France
qui disparaît après avoir enduré datroces
souffrances.
A toute sa famille et en particulier à Mme Marini qui
le soigna avec tant de dévouement nous adressons nos
condoléances et lexpression de notre plus vive
sympathie.
Echo
d'Alger du 20 décembre 1953
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AIR-DE-FRANCE
LE DÉCÈS DE M. MARINI
Nous
apprenons avec douleur le décès de M. Marini
Aristide, ravi à laffection des siens à
lâge de 64 ans.
Le défunt, qui était correspondant de notre
journal, était retraité de la police dÉtat.
Ancien combat tant 1914-18, il était décoré
de la croix de guerre, officier du Nichan-Iftikhar et titulaire
des palmes académiques. Il fut pendant dix-sept ans
adjoint au maire de Dély-Ibrahim.
Malgré les soins constants dune épouse
admirable et le dévouement de son médecin, la
maladie devait lemporter le 20 décembre au matin.
« LEcho dAlger » sunit aux nombreux
amis du défunt, au maire et au conseil municipal de
Dély-Ibrahim pour présenter ses sincères
condoléances à Mme Marini et à la famille
du disparu.
Echo
d'Alger du 22 décembre 1953
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Les Suréda
et leurs enfants, Jean et Annie, habitaient la maison suivante dans
le jardin de laquelle il y avait, sur l'arrière, un grand mûrier
dont les feuilles quémandées (ou subtilisées)
aux Suréda servaient à alimenter les élevages
de vers à soie que certains enfants entretenaient pour avoir
le plaisir de récolter quelques cocons en récompense
de leurs efforts et de leur ténacité.
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Annonce
du décès de Mme Suréda mère de Mme
Chaix et de M. Suréda
Echo d'Alger du 28 septeembre 1951 |
Ensuite,
ma mémoire me fait défaut, mais "Mémette"
Santini (Padovanni) m'a confirmé que la villa suivantes fut
la demeure (ou la résidence secondaire ?) des Laugier dont
le père et les fils étaient des fervents du jeu de boules.
Ensuite il y avait la maison des Beauregard (à moins que ce
ne soit, ainsi que le rappelait Rachid, Boggart, un ami de la famille
Aissiou, qui avait une bonneterie à Alger). Enfin la dernière
maison de la rue, avant un terrain vague très humide à
l'angle de la rue de Bourgogne, était occupée, par Monsieur
Ribès, un espagnol qui épousa Marguerite, une des deux
soeurs Gonzalès. |
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