AUMALE : Le Monument élevé aux Mobiles tués pendant l'insurrection de 1871
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ICI REPOSENT

PERNOT
MICHOT
MANLAY
MOPPERT
MOILLARD
FOURNIER
CELOGNY
DUFFENOIR
DUCHEMIN
FROMENTIN
CHANGARNIER
BLANCHARD
LORANCHET PH.
LORANCHET CL.
COMPAIN CAPORAL
DESCHAMPS CAPORAL

GARDES NATIONAUX
MOBILISES DE LA CÖTE D'OR
TUES A L'ENNEMI
LE 21 MARS 1871
AU COMBAT
D'ES-SEROUDJ

HOMMAGE
DE
LEURS CAMARADES

de profundis

Pour couper la route à Bou-Mezrag, campé au lieu dit El Guintra, celui-ci -prévenu par un des goumiers à notre service, quitta son emplacement et vint nous attendre en pleine forêt d'Es-Sroudj (tribu des Msellem), ayant fait ainsi un grand mouvement tournant. Nos troupes arrivèrent à cet endroit vers 7 heures du matin et sans aucune défiance, elles furent accueillies par une vive fusillade partant de derrière les arbres. L'ennemi était fort de 2 à 3.000 hommes, notre colonne se composait de 800 hommes environ, goum compris. l'obusier et 150 chevaux.
Le premier moment de stupeur passé, nous répondîmes par un feu vif ; après trois heures de lutte contre ces hordes fanatiques dont le nombre augmentait à chaque instant, le combat devint de plus en plus acharné de part et d'autre, les mobiles durent plusieurs fois charger à la baïonnette : dans leur ardeur, ils en vinrent à un corps à corps général. L'ennemi serré de quatre côtés à la fois, battit en retraite et se replia dans les ravins, où il fut accompagné par le tir bien dirigé de l'obusier servi par des canonniers Coquet et Ollagnier, du 3° d'artillerie, tir qui leur cause quelques pertes.
Le lieutenant-colonel Trumelet fit plusieurs fois sonner le rassemblement et c'est avec trop de mal qu'il put se faire écouter.
Les pertes ennemies étaient considérables, deux cents morts, autant de blessés, ainsi qu'un grand nombre de chevaux tués, blessés et abandonnés.
Malheureusement de notre côté, nous avions à déplorer la mort de seize hommes et d'un officier. Ce dernier fut trouvé les mains coupées, le lendemain, dans un épais fourré, par les mokhasnis envoyés à sa recherche, ainsi que les corps de 9 mobiles, complètement nus. Cette nouvelle mit la tristesse dans nos rangs et ce n'est que grâce au sang-froid des officiers, retenant leurs hommes qui voulaient à toute force venger leurs camarades, que ceux-ci furent empêchés de se lancer spontanément sur les traces de l'ennemi, dans une poursuite qui eut été sans doute très dangereuse.
Ci-dessous les noms des victimes :
- Bélot, Charles-Constant-Gustave, capitaine au 18° régiment de ligne, adjoint au bureau arabe d'Aumale, né à Besançon (Doubs) 31 ans.
- Moppert, Ernest, né à Beauène, 30 ans.
- Blanchard, François, né à Dernaud, 21 ans.
- Deschamps, Pierre, caporal au 2° bataillon, né à Marcheseil, 29 ans.
- Michot, Pierre, né à Bouchery, 21 ans.
- Pernot, Jacques, né à Liernais, 24 ans.
- Loranchet, Philibert, né à Nuits, 34 ans.
- Loranchet, Claude, né à Nuits, 31 ans.
- Moillard, Symphorin, né à Nuits, 24 ans.
- Buffenoir, Jacques, né à Nuits, 24 ans.
- Fournier, Pierre, né à Boncourt, 31 ans.
- Fromentin, Nicolas, né à Noiron-les-Citeaux, 32ans.
- Célogny, Marcel, né à Mâcon, 27 ans.
- Compain, Joseph-Claude, né à Cirey, 21 ans.
- Changarnier, Lazare, né à Nolay, 30 ans.
- Duchemin, François, né à Cirey, 32 ans.
- Manlay, Jean-Baptiste, né à Larochepot, 30 ans.
Tous gardes nationaux, victimes glorieuses du combat d'Es-Sroudj, le 23 mars 1871.
D'importantes funérailles leur furent faites le 25 mars, les honneurs militaires leur furent rendus, et un grand concours de population suivit le cortège. Leurs corps reposent au cimetière d'Aumale, où un monument commémoratif portant leurs noms a été élevé par leurs camarades.