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Avec le temps tout
ne s'en va pas, Nos plus beaux souvenirs sont toujours là, Et si
pour certains la nostalgie n'est plus ce qu'elle était Pour nous elle
combat l'oubli et ravive le passé. Ainsi ce beau dimanche d'octobre
en est l'exemple parfait. Nous voilà partis tous les cinq chez notre
grand mère Qui aujourd'hui fête son anniversaire Dans sa maison
au dessus de Bab-el-Oued, à Bouzaréah Où toute la famille
réunie sera là. La rue Réaumur et les escaliers du Cassis
franchis Nous nous retrouvons au milieu des figuiers de barbarie Du chemin
Sidi Ben Nour, pas facileà monter... Mon père, suivi de mes soeurs,
est le premier à grimper. Grand marcheur, il reste longtemps en tête, Ma
mère me tire de peur que je ne m'arrête. Les lacets se suivent
et s'élèvent rapidement, Nous nous retrouvons bien haut au bout
d'un moment. Soudain à un détour du chemin, c'est l'émerveillement Mon
père d'un large geste circulaire du bras Nous montre le splendide panorama
Qui, par ce temps si clair, s'offre à nos yeux ébahis, Nous
ne devons pas être loin du paradis... Tout à gauche Notre Dame
d'Afrique éclatante sous le soleil, Vue de haut elle paraît encore
plus belle. Tout à droite le cap Matifou là bas dans le lointain.
Devant nous la mer si bleue danse sans fin Et termine ses pas sur les
rivages de Saint Eugène De Bab-el-Oued, et d'Alger, lumineuse dans
son arène. La tête pleine de ces belles images Nous repartons
et rejoignons la place du village. Là se croisent des gens gais et
bavards, Au milieu d'un sympathique tintamarre. C'est en direction de la
forêt de Baïnem que nous allons, Et nous voyons de loin notre grand
mère devant sa maison Entourée par toute la famille où
règne une joyeuse agitation. Elle me gratifie de son sourire un peu
fatigué, J'en suis sur, je dois être un de ses préférés...
Tantes, oncles, cousins et cousines, tout le monde s'est retrouvé, La
journée se passe dans la joie mais trop vite, et le soir est là. On
se sépare en riant dans un grand brouhaha, Et déjà sur
la place, on prend le bus de la Céféra Qui passe devant le Beau
Fraisier, puis continue en direction du Climat de France et du Frais Vallon,
Et tout en bas il nous dépose en vue de la Place Dutertre et de la
Bassetta. On passe devant le cinéma le Rialto Je vois qu'à
l'affiche, c'est un film de Zorro, J'irai le voir sûrement mon grand
héros ! On continue, mais la rue Réaumur n'est plus très
loin à cet instant, Boulevard de Champagne et rue Cardinal Verdier je
devance mes parents, Nous arrivons enfin chez nous, fatigués mais tellement
contents De cette belle journée dont on se souviendra longtemps.
poème/histoire
écrit par Robert VOIRIN
(transmis
par Henri Lazaro) | |