Le Cinéma à Bouzaréah
Dernière mise à jour le 27 mzrs 2020
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1930 : Du "Pathé Rural" au "Modern-Cinéma" à l'Hôtel de France

Echo d'Alger du 11 avril 1930


Echo d'Alger du 11 avril 1930


Echo d'Alger du 30 juillet 1930

Echo d'Alger du 2 octobre 1930

Echo d'Alger du 9 octobre 1930

Echo d'Alger du 18 décembre 1930
1933 : Le cinéma "parlant" au Café de la Victoire

Echo d'Alger du 11 septembre 1933
Histoire du Cinéma MercadaL : le "Cinécrin" de la Brasserie du Centre
par Francis Mercadal
Trois semaines après la victoire inoubliable, 2-0, du SCUEB contre le grand Stade de Reims, en coupe de France de football, le 23 Février 1957, le "Comptoir Cinématographique Nord-Africain" (1) du 6 rue d'Isly à ALGER, livre à Bouzaréah, à la Brasserie du Centre, un grand écran de 35 m2, pour l'installation du CinémaScope dans la salle du CINÉCRIN (2). Avec cet écran qui, une fois tendu sur un cadre métallique, occupait la totalité des dix mètres de la largeur de la salle fraîchement équipée de fauteuils confortables et repliables, l'objectif "Hypergonar" (3) mis en place sur le projecteur lui-même doté d'une lanterne à arc électrique, nous étions parfaitement équipés pour proposer à notre fidèle public des films récents et très spectaculaires.
C'est "La Tunique", premier film en CinémaScope tourné en 1953 aux États Unis par la FOX, que mon père, Alfred de son prénom, avait choisi pour la "première" sur grand écran de son cinéma. La vedette de ce film à grand spectacle, Richard Burton partageait l'affiche avec la magnifique Jean Simmons et l'athlétique Victor Mature. Ce fut un très beau succès et le film resta programmé plusieurs semaines. Le passage au CinémaScope qui allait faire défiler au CINÉCRIN un grand nombre de films célèbres, constituait la troisième et dernière étape de l'histoire du CINÉMA MERCADAL. La majeure partie des parois intérieures de la grande salle (24 m de longueur, 10 m de largeur et 8,5 m de hauteur) avec son balcon de 5 m de largeur, construite en 1954, était recouverte d'une décoration constituée par des éléments isolants carrés d'un demi mètre de côté maintenus par des petits motifs en forme de losange vissés aux murs et au plafond. Mais n'allons pas trop vite.
C'est un peu de l'histoire du petit garçon TOTO que j'ai vécu pendant une quinzaine d'années. Vous vous rappelez, dans le chef d'oeuvre de Giuseppe Tomatore, "Cinéma Paradisio" quand Toto apprend les choses de la vie, auprès d'Alfredo, le projectionniste du village, joué par Philippe Noiret.
Au début, un peu après la fin de la guerre, un projectionniste ambulant avait intégré Bouzaréah dans la liste des petits villages des environs d'Alger, qu'il parcourait avec son écran, son ampli et son projecteur, pour présenter des films en 16 millimètres. Chez Alfred, Alfrédo pour les amis, à la Brasserie du Centre, dont la salle venait juste d'être agrandie (4), c'était le samedi soir.
Inauguration de la nouvelle salle du Cinéma Mercadal le 3 décembre 1949
(Echo d'Alger du 8 décembre 1949)
Pendant deux heures, le café était fermé, les chaises alignées face à la rue, et l'écran installé contre les portes vitrées. La séance pouvait commencer. Après les actualités et un documentaire, un court entracte permettait aux spectateurs de se rafraîchir au bar, puis le film était lancé.
Très vite, mon père, avec son habituelle envie d'entreprendre, décida de devenir projectionniste. La deuxième phase de l'histoire du CINÉCRIN commençait. Il opta pour la qualité et choisit un projecteur Hortson. Gardant la même organisation, il proposa à son public des films aux thèmes très variés (5) mettant en scène les grands comiques américains comme Charlie Chaplin, Harold Lloyd, Laurel et Hardy, les acteurs français les plus en vue de l'époque comme Fernandel, Gabin et Raimu, les stars mondialement connues comme Humphrey Bogart. Le samedi soir était donc destiné à faire rire, à faire peur mais quelques fois aussi, à faire pleurer.
Dés la fin de 1954, quand la grande salle fut disponible, des séances de cinéma furent organisées pour les enfants des écoles, le jeudi après midi. Installés par leurs instituteurs, les écoliers remplissaient rapidement la salle et devenaient encore plus vite très bruyants et impatients de suivre les aventures des héros de l'époque : Tarzan, Zorro et aussi "Le Dernier des Fédérés". Ils avaient pris l'habitude de manifester cette impatience en criant en cadence : "Etindez la lumière et commencez le cinéma".
Pour terminer cette histoire n'oubliez pas d'aller lire ou relire les souvenirs de quelques bouzaréens retrouvés comme Mahmoud Boussoussa (voir "les souvenirs de M. Boussoussa") et Nasser Sellami (voir "Documents divers et souvenirs). Avec son accord voici aussi, le message très sympathique que Pierre Pascal m'a envoyé en juin 2008 : "Pour achever ce peut-être trop long monologue, je tenais Francis à vous faire savoir, et vous probablement sans le savoir, que vous avez été mon maître pour l'initiation au cinéma. La couleur, le scope, bref, l'ouverture et la part de rêve pour un gamin de 10 ans !!! Les péplums ("La Tunique Rouge"), les grands Westerns, les films plus sensuels ("Mogambo"), les seins de Sylvana Pampanini dans "La Tour de Nesle", les premiers émois sexuels….A la fin de la séance, j'allais à la boulangerie Sapéna, m'avaler un énorme gâteau bien crémeux et heureux… Heureux de vivre."


(1). Facture de l'Hypergonar.
(2) CINÉCRIN : Peu connu des Bouzaréens, car il ne figurait pas sur la devanture de l'établissement, c'était le nom officiel du Cinéma Mercadal
Cette photo de 1961, regroupe devant le grand écran, une partie de la jeunesse de Bouzaréah.
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De gauche à droite :premier rang: X1, X2, Bou (cadette), X3, X4, Genestier (cadette), Bou (aînée), X5, Jacqueline Torrès, Antoine Torrès (le petit), Coco Torrès, Annie Santos, X6, Paule Mercadal
Accroupis devant le premier rang: Rémy Bousquet, son petit frère et Camps.
Deuxième rang: X7, Jacky Valériano, Chantal Genestier, Michelle Ségui, Mimi Sintès, Andrée Barcelo, Francis Mercadal, X8, Yvon Sintès, X9, X10, Daniel Meyer,Chérif Abbad, René Ségui

(3) CinémaScope : Le principe de ce procédé mis au point par Henri Chrétien peut simplement se résumer comme suit : au tournage, une lentille anamorphique comprime les images et agrandit le champ des prises de vue, et à la projection un objectif anamorphique (l'Hypergonar) restitue la grandeur de l'image.

(4) J'ai souvent entendu dire, surtout par les grands parents Ségui, que notre maison était au départ une église ou peut-être la première chapelle du village. La photo ci-dessous montre la salle du café telle que nous l'avions trouvée en 1941. Malgré le grand nombre de convives installés autour de la table pour fêter la nouvelle année, on distingue très bien vers le fond une configuration qui permet d'imaginer l'existence d'un autel avec de part et d'autre, une niche pouvant accueillir une statue…
Réveillon 1953
A gauche de la table en allant vers le fond : X1, X2, X3, X4, X5, X6, Camille Mercadal, Josette Roma, Alexandre Delenseigne, Jeanine Allard.
A droite de la table à partir du fond : Colette Cabanis, Christiane Ségui, X7, X8, Francis Mercadal, X9, X10, X11, X12.
Debout au fond de gauche à droite,au premier rang : Michelle Ségui, Charlette Allard, René Ségui, au deuxième rang : Paule Mercadal, Gaulois, X13, X14, X15
Le plan simplifié ci-dessous montre les configurations successives de l'immeuble MERCADAL.

Rappelons également que les travaux se sont toujours déroulés de manière assez compliquée, car le commerce n'a jamais été fermé.
La photo suivante illustre une phase de "Gros Travaux" en 1954, avec la mise en place de la charpente principale.

Devant le CINÉCRIN sur le trottoir, probablement pour une fête ou un anniversaire, en 1953
Sur le trottoir de gauche à droite.
Premier rang, : Alexandre Delenseigne, Camille Mercadal, Paule Mercadal, Josette Llorens, José Jover, Vincent Mosgueruela, Freddy Bignell, Colette Cabanis, X1.
Deuxième rang,: Martin Ferrer, X2, Georges Pace, X3, Josette Roma, Jacky Boulay, X4, X5, Francis Mercadal

(5) Au cours de cette quinzaine d'années, certains films sont restés gravés dans ma mémoire et je ne veux surtout pas rater l'occasion de vous les citer.
Dans la catégorie Western, c'est "L'homme des Vallées Perdues" avec Alan Ladd que je vous conseille de voir, revoir ou montrer à vos petits enfants.
La trilogie de Marcel Pagnol, bien sûr, pour les comédies de moeurs. Personne n'oubliera, Olive, Marius et Fanny, une sorte de petite série servie par des acteurs prestigieux (Pierre Fresnay, Raimu),
Les comédies musicales américaines étaient déjà très appréciés. Ma préférence va au célèbre "Papa Longues Jambes" avec Fred Astaire et Leslie Caron.
Parmi les grands policiers français avec Jean Gabin je place à égalité "Touchez pas au Grisbi" et "Pépé le Moko".
"La Tunique" bien sûr, dans la catégorie des péplums reste sans égal et "Autant en Emporte le Vent" tourné en 1939, célèbre saga qui illustre une partie de l'histoire des USA.

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